De la formation entre Nouvelle-Zelande et Europe au cockpit de l'A380. Recits et anecdotes d'un Pilote de Ligne.
19 Juin 2009
Maintenant que j'en ai presque fini de la paperasserie liée à mon départ en Nouvelle-Zélande, c'est l'occasion de me tourner de nouveau vers mes loisirs aéronautique habituels.
Il faut dire que pour un aspirant pilote, qu'il souhaite s'orienter vers la ligne ou vers la chasse, les activités touchant à cette passion du vol sont nombreuses. De la visite de musée au vol moteur, en passant par l'aéromodélisme et le spotting, on n'a guère que l'embarra du choix !
Pour ma part, cette première semaine de vraies vacances arrive en même temps que la 48ème édition du Salon International du Bourget - Paris Air Show disent nos voisins anglais -. Avant d'aller m'en mettre plein la vue et du fait d'une météo peu clémente ce lundi, je décide de réaliser successivement deux vols "baptêmes" avec des amis de l'ESTACA.
C'était au départ une simple idée de cadeau d'anniversaire qui devait être réalisée avec deux avions, l'un piloté par Laurent, l'autre par moi-même, emmenant dans les airs nos deux camarades ainsi que deux de leurs amis. Malheureusement, les contraintes de disponibilité ont fait que j'ai dû réaliser moi-même les deux vols et ce, durant la même journée.
Rendez-vous pris pour mercredi 11h à l'Aéroclub Air France de Toussus-le-Noble.
J'arrive un peu en avance pour préparer l'avion et la nav'. L'avion sort tout juste de mécanique et il est temps pour moi de jouer des masses et centrages -il me faut tenir compte du fait que le second vol sera un vol à quatre et non plus à trois.
Après discussion avec mon "ex-"instructeur sur les destinations sympatiques à moins d'une heure de vol, nous irons vers Fontenay-Trésigny et seuls les pleins partiels seront effectués.
Mes premiers passagers arrivent et avec ce soleil radieux, nous nous envolons au plus vite.
Verticale RBT, La Ferté-Alais puis Melun, nous finissons par intégrer la vent arrière piste 12 à 1200ft.
Le vent est relativement faible et l'atterrissage se fait sans encombre. Un kiss comme on dit .
Jusqu'à présent, je crois que tout le monde est satisfait et je leur réserve une petite surprise. En effet, si certains d'entre vous ont déjà posé leurs roues sur le terrain de Fontenay, vous devez savoir qu'un magnifique Bréguet Deux-Ponts transformé en restaurant se situe juste à côté de la piste.
Une fois le déjeuner pris sur le pont supérieur, nous regagnons l'avion, chassons tant bien que mal deux taons et redécollons dans la foulée vers notre terrain de rattachement.
Il est maintenant 16h30 et mes premiers passagers sont repartis le sourire aux lèvres et, je l'espère, avec une véritable envie de s'y mettre ! J'ai également fait quelques calculs et on rajoutera 40 litres pour le second vol de la journée qui nous mènera à Rouen Val de Seine.
Cette fois-ci, je ne serais pas la seul pilote breveté à bord et ça sera pour moi l'occasion de me "décharger" un peu, la fatigue commençant à se faire sentir.
Alignement en piste 25L... pleins gaz, puissance disponible "2450tr/min", badin "actif" ... "on poursuit" ... 65kt, "rotation".
Le Cessna 172R s'arrache du sol un peu plus difficilement que lors du premier vol - et pour cause, nous sommes quatre et la température avoisine les 24°C - mais finalement j'annonce "vario positif, l'alti' confirme, on freine".
Laurent se charge de la "navigation", moi du reste. 54 minutes plus tard, nous voici posé à Rouen.
Le bar est fermé mais heureusement le distributeur n'est pas en panne. C'est assez étrange, dans ce terminal on se croirait seul au milieu de nulle-part. Certes il y a bien la femme de ménage mais tout le reste est vide. Personne aux comptoirs, aucune activité dans le terminal, les sièges vides, c'est un peu glauque.
Un peu moins d'une heure plus tard, nous repartons sur Toussus en ayant pris soin de placer Laetitia en place droite. C'est pour son anniversaire après tout !
Tandis qu'un jet vient de se poser pour repartir immédiatement vers Laval, je m'empresse de rouler au point d'arrêt de la piste 22 pour un décollage immédiat. Le Citation nous suit de très près et je libère l'axe en passant 300ft sol.
Après avoir croisé les axes d'Evreux, je confie délicatement les commandes à ma nouvelle copilote. "Regarde dehors, maintien l'écart entre l'horizon et le capot moteur, voilà, très bien". Elle s'en sort plutôt très bien en conservant l'altitude et le cap jusqu'aux étangs de Hollande.
Le trafic étant un peu plus chargé à l'arrivée, je reprends complètement la main.
Une fois au parking, il est temps de nettoyer l'avion, de remplir l'ensemble des papiers et de faire route sur Paris. De nouveau, mes passagers repartent avec un grand sourire. Mission accomplie.
Cette journée me conforte encore dans la volonté de faire de ce loisir une profession. Un peu plus de 3h de vol en tout avec un rythme assez soutenu - par moment j'avais un peu l'impression de faire du taxi aérien ^^ - et une seule envie: celle de recommencer au plus vite.
J'ai par ailleurs beaucoup apprécié ces moments de "lâcher des commandes" au profit de mon voisin - ou ma voisine - de droite et je pense qu'une fois en ligne et si j'en ai les moyens, j'apprécierais de faire un peu d'instruction. C'est un peu comme le fait d'être moniteur de plongée, on a vraiment envie de faire partager un peu plus son activité et rien ne vaut un sourire ravi en fin de séance. Il paraîtrait qu'en plus je suis assez pédagogue ...
Pilote de Ligne.
Ancien Cadet CTC Wings (formation en Nouvelle-Zelande a l'origine de ce blog)
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